Très Saint Père,
«shlomo w-houbo» «paix et amour»! Avec ce salut en syriaque-araméen, notre langue liturgique multimillénaire, j’ai le privilège de vous souhaiter la bienvenue dans notre siège patriarcal. Je suis honoré qu’au nom de tous mes confrères, chefs des Eglises orientales et leurs représentants ici présents, d’exprimer à Votre Sainteté ma plus vive reconnaissance pour votre visite historique au Liban. Vous avez tenu à effectuer cette visite comme pèlerin de paix aux peuples et pays du Moyen-Orient; et ceci, malgré les bouleversements douloureux qui secouent plus d’un pays dans notre région.
Cette visite historique prouve votre sollicitude paternelle qui nous réconfortedans ces temps de tourmentes. En la personne de Votre Sainteté, nous reconnaissons Simon Pierre, lui-même, à qui Jésus confia à la dernière Cène une mission spécifique: «Et toi, quand tu seras revenu, affermis tes frères» (Lc 22:32). Comme successeur du chef des apôtres, vous nous avez rappelé que malgré vents et marées, le Ressuscité,a promis de rester avec Son Eglise jusqu’à la fin des temps.
Juste avant de nous quitter, vous avez voulu nous honorer par la visite de ce monastère, «Notre Dame de la Délivrance de Charfet», fondé il y a 225 ans par notre prédécesseur, le Patriarche Ignace Michel III JARWEH. Ce vénérable confesseur de la foi, devait, après son intronisation comme patriarche, fuir devant ses persécuteurs et subir les souffrances de l’exile. Tel que «l’araméen errant», il se faufila portant une icône de la Sainte Vierge Libératrice, allant deMardin en Turquie, jusqu’en Iraq, et, à travers le désert syrien, il vint trouverrefuge dans cette montagne libanaise, abri des persécutés. Il y établit son siège patriarcal, symbole de la fidélité de notre Eglise et peuple syriaques au siège de Rome.«PIUS PP. VI. AD PERPETUAM REI MEMORIAM» dans sa lettre «EXPOSUIT NOBIS» du 22 mai 1787, approuva cette démarche ainsi que la fondation de ce monastère.
Notre Eglise, si petite en nombre, éprouvée terriblement pour sa fidélité au Sauveur, fut tout au long de son histoire cible de tant de haine et de persécution. Le carnage perpétré dans notre cathédrale de Bagdad, il y a deux ans, nous rappelle que l’annonce de l’Evangile est à la fois untémoignage et unmartyr, car dans notre langue syriaque, témoigner c’est aussi subir le martyr!
Votre Sainteté a invité les Eglises Orientales à vivre la communion ecclésiale, par un témoignage authentique de l’Evangile. Malgré déceptions et lacunes, le mouvement œcuménique a connu depuis Vatican II un progrès indéniable. Je cite en exemple les mouvements de rapprochement et de solidarité,qui existententre nos deux Eglises Syriaques d’Antioche. Notre témoignage de foi en esprit de la Nouvelle Evangélisation, exige une authenticitérenouvelée face au risque d’être entravé par la méfiance et même par l’hostilité de la part de la majorité religieuse parmi laquelle nous vivons. Nous ne perdons pas courage, mais nous adhérons à Votre Magistère prophétique commentant l’enseignement de Saint Paul, celui d’œuvrer pour la vérité dans la charité, et vivre la charité dans la vérité.
Nous nous souvenons aussi du message de la Journée Mondiale de la Paix de l’an 2011, intitulé: «La Liberté Religieuse: Chemin vers la Paix». Votre Sainteté a appelé les responsables politiques du monde entier à: (Je cite) «mettre fin à toute brimade contre les chrétiens», en affirmant justement: (Je cite) «Les chrétiens sont à l’heure actuelle, le groupe religieux en butte au plus grand nombre de persécution à cause de leur foi». Nous, les chrétiens du Moyen-Orient, tout en reconnaissant nos faiblesses et défaillances, nous nous attendons à ce que nos droits humains, surtout notre liberté religieuse et de conscience soient respectés, et, que la communauté internationale et, tout particulièrement, les nations dites démocratiques et pluralistes, défendent effectivement nos aspirations à vivre dans nos pays d’origine dans la dignité des citoyens et citoyennes à part entière.
Très Saint Père,
La célébration de la divine liturgie ce matin au centre-ville de Beyrouth, devant une foule immense des croyants, nous a inspiré la fidélité persévéranteau Maître Divin et la confiance totale en Ses paroles de salut. Nous vous promettons, qu’avec vos prières et sous vos directives, nous continuerons à vivre en vrais témoins de l’espérance, répétant avec la Tradition Syriaque:
ܣܰܒܪܳܐ ܕܥܰܠ ܐܰܠܳܗܳܐ܆ ܝܺܕܰܥܬܰܐ ܗ̱ܘ ܕܥܳܠܡܳܐܕܰܥܬܺܝܕ
«L’espérance en Dieu est la connaissance du monde à venir».
Nous implorons sur nous-mêmes, ceux et celles ici présents et sur nos communautés ecclésiales, votre bénédiction apostolique.
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